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J’encourage la reconstitution d’une filière autour d’un papier labélisé, recyclable et recyclé en France

13 janvier 2022
Communication print

Depuis 2017, Marguerite Deprez-Audebert est députée MoDem de la 9e circonscription du Pas de Calais (Béthune). Parce qu’elle a toujours travaillé dans l’imprimerie, elle connaît bien la filière papier avec ses atouts, ses fragilités et ses enjeux. Si elle n’était pas favorable au Oui-Pub, elle salue cependant son évaluation prévue dans la Loi et assure qu’elle restera vigilante… tout en faisant des propositions.

Portrait

Marguerite Deprez-Audebert est élue députée Mouvement Démocrate et Démocrates apparentés de la neuvième circonscription du Pas-de-Calais. A été Conseillère régionale des Hauts-de-France de 2015 à 2020.

Sa vie professionnelle s’est déroulée dans l’univers de la presse hebdomadaire régionale, en tant qu’éditrice de trois titres, et de l’imprimerie industrielle. Jusqu’à son départ en retraite en 2016, elle dirige avec son frère, une imprimerie familiale.

Jusqu’en juin 2018, elle a présidé l’association de formation continue de la filière graphique des Hauts-de-France (Amigraf). Elle est également vice-présidente du Mouvement européen du Pas-de-Calais.

Depuis son arrivée au Palais Bourbon en 2017, Marguerite Deprez-Audebert est :

  • Membre des commissions des Affaires économiques et des Affaires européennes.
  • Membre de l’Assemblée parlementaire franco-allemande et de son groupe de travail « Pacte vert pour l’Europe »
  • Membre des groupes d’études : « Livre et économie du livre et du papier », « Illettrisme », « RSE – responsabilité sociale des entreprises », « Villes moyennes », « Voies navigables et transports multimodaux – canaux », « industries manufacturières ».
  • Vice-présidente des groupes d’amitié France-Vietnam, France-Allemagne, France-Singapour et du groupe d’études à vocation internationale sur la Libye.
  • Membre de l’intergroupe parlementaire « Les Députés du Canal » (projet de canal Seine-Nord-Europe).
  • Membre du Groupe de travail sur l’ouverture de l’Assemblée nationale à la Société et son rayonnement scientifique et culturel.
  • Co-rapporteure de la Mission tourisme.
  • Rapporteure sur la défense commerciale européenne.
  • Référente Commerce, artisanat et territoires.

Pendant les discussions autour du « Oui-Pub », quelle position avez-vous défendue et pourquoi ?

Marguerite Deprez-Audebert : Dans un premier temps, je n’étais pas très favorable à cette initiative. Mais les débats m’ont rassurée dans le sens où ce serait une expérimentation limitée à un nombre maximal de 15 collectivités, dont la population ne devra pas être supérieure à 10 % de la population française et qu’elle se ferait au bon vouloir des élus. Qu’il n’y aurait pas obligation.

Vous savez, je connais les élus des territoires de la France profonde. Ils ont à cœur de communiquer et de garder un lien avec les citoyens qui les élisent, spécialement ceux qui sont confrontés à la fracture numérique. Le format papier le permet. C’est d’ailleurs un moyen que j’utilise moi-même, périodiquement.

Dans ce cas, nous parlons d’un enjeu de démocratie. Celui de communiquer avec l’ensemble des foyers. D’ailleurs je vous rappelle que lors des dernières élections régionales et départementales, les loupés dans la distribution des professions de foi ont laissé une mauvaise impression.

Ainsi, les Maires qui expérimenteraient le dispositif Oui-Pub vont-ils y réfléchir à deux fois, car ils savent que des gens vont dire « si on supprime les prospectus, on affaiblit le réseau de distribution et donc on supprime la possibilité de communiquer avec les citoyens ».

Quelles sont vos craintes aujourd’hui ?

M.D-A : Que la filière ne soit pas assez prise en compte. C’était clairement le cas au début des discussions et nous avons insisté dessus pendant les débats.

Tout nous a été présenté via un prisme « développement durable » et l’économie avait été négligée. Nous avons eu à cœur de « remettre l’église au centre du village » et de rappeler qu’il existe un écosystème, que les emplois impactés sont non délocalisables, peu rémunérés, et concernent une population peu qualifiée, souvent éloignée du marché du travail. Pour eux, le complément de revenu est non négligeable.

Je vous rappelle que la filière papier a déjà subi le diktat du numérique à travers un « paper bashing ». Papier qui est pourtant une matière recyclable et recyclée. Et que la loi AGEC [NDLR : loi anti-gaspillage pour une économie circulaire] renforce les exigences environnementales en matière d’encre et de papier utilisés, tout en limitant l’usage d’emballages plastique pour les prospectus. Je note que nos concitoyens commencent à comprendre que papier est vertueux, mais il faut le dire et le redire ! D’autant plus que l’impact environnemental du digital est loin d’être négligeable. Une proposition de loi du Sénat l’a d’ailleurs mis en exergue, car « développement durable » ne rime pas forcément avec « numérique ». Le maintien du papier, lui, s’appuie sur de solides arguments économiques, mais aussi écologiques.

Mais il y a, malgré tout, des enjeux environnementaux qui  méritent qu’on y porte une attention accrue ?

M.D-A : Bien-sûr et nous pensons qu’il aurait fallu renforcer le dispositif Stop-Pub. Il était d’ailleurs prévu d’en faire un bilan. C’est ce qu’avait prévu la loi AGEC. Je dis, appliquons cette loi et voyons ce que donnent les résultats.

J’entends l’argument, mais en France, le problème est que nous avons tiré vers le bas la qualité des prospectus qui perdent en attractivité : papier léger, impression de mauvaise qualité, alors qu’il faudrait prendre le virage inverse !

J’ai noté que Lidl avait fait cet effort, en tirant vers le haut sa publicité imprimée. Le papier, ce sont des images plus belles que sur un écran et, ce côté qualitatif doit être valorisé.

La solution est vers le haut, vers la qualité !

Que vous disent vos anciens confrères ?

M.D-A : J’ai moins de contact avec la filière depuis que je l’ai quittée en 2016, mais j’entends que beaucoup trouvent aberrant le fait qu’il y ait obligation d’utiliser du papier recyclé venu d’Allemagne plutôt que du papier fabriqué en France.

Nous avons, dans notre pays, une industrie très décarbonée grâce au nucléaire. L’Allemagne, c’est encore le charbon. En perdant notre outil de production nationale, en le laissant se délocaliser, nous avons ouvert la porte au papier venu de l’étranger, à cause de l’obligation d’utiliser le recyclé que nous ne savons plus produire. En termes de bilan carbone, c’est une catastrophe !

A voir sur le même sujet : La seconde vie d’un imprimé publicitaire

Quelle va être votre ligne de conduite quant à l’expérimentation Oui-Pub ?

M.D-A : Je serai attentive et prendrai attache avec les professionnels concernés. Une évaluation est prévue dans le texte de loi d’ici deux ans et demi. Je m’en réjouis.

Car je suis convaincue que la partie « évaluation » doit devenir de plus en plus importante dans notre mandat et nous affichons une volonté forte de mettre l’accent sur évaluation des lois.

C’est une partie de l’héritage que nous a laissé Marielle de Sarnez [NDLR : disparue le 13 janvier 2021] et vous comprendrez que nous y sommes attachés.

Propos recueillis en novembre 2021

 

 

J’encourage la reconstitution d’une filière autour d’un papier labélisé, recyclable et recyclé en France