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Réussir l’écoconception d’un prospectus en 6 questions

1 mai 2020

L’écoconception permet de limiter la pression environnementale de n’importe quel produit ou service. Le prospectus, et plus largement la filière papier-graphique, a pris conscience de cet enjeu il y a déjà de nombreuses années. Pour réussir l’écoconception d’un imprimé, voici six questions clés, que vous vous poserez certainement, commentées par Jean-François Robert, Directeur Technique pour les papiers et emballages en papier-cartons et verre chez CITEO.

1. Écoconcevoir, ça veut dire quoi exactement ?

Écoconcevoir, c’est mener un ensemble d’actions qui auront toutes pour finalité de réduire l’empreinte environnementale de l’imprimé (prospectus, flyer, catalogue publicitaire…), tout en préservant sa finalité d’usage.
« L’écoconception n’est jamais un déni de fonctionnalité ou de service rendu. En revanche, il faut bien cerner ce dont on a besoin et s’y limiter » souligne Jean-François Robert.

Il s’agira donc de s’orienter vers des technologies et des matériaux qui permettront, entre autres, de pouvoir réinjecter le support dans de nouveaux circuits de production, après sa fin de vie.

2. Pourquoi devrais-je écoconcevoir mon prospectus ?

Pour de nombreuses raisons ! À grande échelle, face aux nombreux défis et urgences écologiques, une conscience individuelle et collective s’est développée et chacun, à son niveau, peut agir pour y apporter une réponse. Cause ou conséquence, l’environnement législatif évolue dans ce sens. L’économie circulaire, au cœur de la transition écologique et solidaire, est désormais à l’ordre du jour. L’écoconception de chaque produit, de chaque imprimé doit être considérée et intégrée comme la norme et de moins en moins comme l’exception.

« Pour contribuer à l’économie circulaire, l’un des meilleurs outils, c’est l’écoconception. Car il permet de répondre à des enjeux de ressources, de climat, voire même de déchets sauvages »
Jean-François Robert – Directeur Technique Fibreux et Verre, CITEO

3. Comment écoconcevoir mon prospectus ?

Il existe cinq étapes-clés dont il faut tenir compte :

  1. Optimiser les quantités et les grammages, en fonction du besoin réel : il s’agit de ne pas consommer plus que le besoin réel et, de fait, de créer du rebut. Historiquement, la culture de la commande des imprimés mentionnait dans les devis le « 1000+ ». Diminuant le coût à l’exemplaire, cette pratique incitait à tirer plus de prospectus que nécessaire. Et pouvait générer par la même des non utilisés. « Il faut se sortir de ces habitudes et cibler précisément le besoin en termes quantitatifs. Et ne pas hésiter non plus à se challenger sur les aspects qualitatifs, comme sur le grammage ou la blancheur du papier par exemple » assure Jean-François Robert.
  2. Choisir des papiers produits à partir de ressources responsables et bien gérées : pour cela deux voies complémentaires sont à privilégier.
    La première, c’est la matière recyclée, qui permet de limiter la pression sur les ressources naturelles. Il existe des papiers avec des teneurs en fibres recyclées très variées. « Chez CITEO, un papier a cette appellation dès qu’il contient plus de 50 % de matière recyclée » précise le Directeur Technique Filières Fibreux et Verre.
    La deuxième, c’est de s’assurer que les fibres vierges qui constituent les papiers « neufs », proviennent de forêts gérées durablement. Pour s’en assurer, différents labels (FSC, PEFC) existent et permettent de faire un choix de confiance.
  3. Veiller à la bonne recyclabilité des imprimés : encres non désencrables, colles perturbatrices, éléments non fibreux, comme les films plastiques, … Il s’agit d’éviter au maximum tous les éléments qui pourraient venir complexifier la phase de recyclage en fin de vie des supports.
  4. Intégrer des messages visant à inciter les lecteurs à recycler leur imprimé : « l’écoconception ne sert à rien si le consommateur jette son prospectus dans la mauvaise poubelle ! » prévient Jean-François Robert.
    Ainsi, entre les mains du consommateur, le flyer peut contenir des incitations à faire le bon geste de tri. Dans ce contexte, CITEO applique un bonus financier sur les imprimés qui apposent le Triman et travaille également à d’autres mentions qui sensibilisent à l’importance du geste de tri. Par exemple, en en collaboration avec l’industrie de la presse (qui contribue partiellement à l’éco-contribution CITEO en nature en offrant des espaces dans ses publications), l’organisme élabore des campagnes de sensibilisation au geste de tri et à l’importance du recyclage des papiers.
  5. Préserver la diversité des débouchés de recyclage des imprimés : si le principal débouché du recyclage des papiers graphiques consiste à refaire des papiers à imprimer (principalement du papier journal), 20 % sont orientés dans d’autres filières, comme celle des emballages destinés au secteur alimentaire. Sur ce point, la réglementation exige que ceux-ci ne présentent aucun risque de migration de substances à risque vers les aliments. C’est notamment pour cela qu’il est important de limiter ou d’éviter l’utilisation d’encres contenant des huiles minérales ajoutées. « Les professionnels de la filière sont ainsi passés de préoccupations “courtes” sur l’origine et la qualité du papier, à des préoccupations “longues” qui intègrent la fin de vie des imprimés jusqu’à leur cinquième boucle de recyclage. Il nous faut continuer à travailler avec eux sur des problématiques qui interviendront avec des acteurs très éloignés. Le périmètre d’actions grossit et démontre la maturité de la filière » note Jean-François Robert.

4. Ecoconcevoir, ça va me coûter plus cher ?

Il n’y a pas de réponse unique à cette question. L’optimisation quantitative de papier et de l’encrage font, en général, baisser la facture globale. Mais, certains papiers recyclés haute blancheur peuvent être plus chers à l’achat, pour de simples raisons d’offre et de de-mande.

Concernant le choix des encres pour les imprimés, « la bonne nouvelle, c’est que des encres offset UV désencrables sont apparues sur le marché au même coût que les encres traditionnelles » affirme Jean-François Robert. « S’agissant des encres alternatives à celles aux huiles minérales, elles sont plus chères, environ 5 % de plus pour les encres offset pour prospectus publicitaires par exemple. Mais, rapporté au coût de revient global de l’imprimé, cela représente moins de 1 %. De plus, l’usage de ces encres alternatives permet d’éviter l’application d’un malus par CITEO » ajoute-t-il. Une raison supplémentaire de miser sur l’écoconception.

5. Ecoconcevoir ne va-t-il pas brider ma créativité ?

Au contraire ! Même si dans un premier temps l’écoconception peut être perçue comme une limitation d’options, beaucoup de concepteurs ont trouvé des solutions de rupture grâce à leur créativité.

« Sur les technologies disponibles, et il y en aura de nouvelles, l’important c’est que leurs développeurs prennent en compte, dès le début, tous les enjeux de l’écoconception. Il devient de plus en plus impensable que le fabricant n’intègre pas cette question » conclut l’expert de CITEO.

6. Et si je travaillais sur l’écoconception pour rien ?

La meilleure écoconception du monde ne servira à rien si le consommateur-lecteur ne fait pas le bon geste, en jetant son imprimé publicitaire, après utilisation, dans la bonne poubelle. C’est pour cela qu’il est très important d’appliquer le point 4 de l’écoconception, à savoir, concevoir et diffuser des messages efficaces pour promouvoir le geste de tri.

[bctt tweet= »L’écoconception d’un prospectus n’est donc pas une contrainte, mais une opportunité de rupture créative utile à l’environnement et à la filière du recyclage. » username= »@mediapostfrance »]

Des webinars existent pour aller plus loin, mettre en œuvre l’écoconception rapidement et ainsi contribuer à l’essor de l’économie circulaire en France !

Les chiffres

Les chiffres de CITEO dans lesquels s’inscrit le prospectus

  • 53 % des imprimés* étaient écoconçus selon le référentiel de CITEO
    *magazines, imprimés publicitaires, journaux, …
  • 93 % utilisation de papiers issus de ressources responsables* (vs 83 % en 2013)
    *recyclées ou gérées durablement
  • dont 34 % utilisation de papier recyclé (vs 19 % en 2013)

Source : CITEO, périmètre marché français 2019

 

 

Les éco-organismes, au cœur de l’économie circulaire

La REP ou Responsabilité Élargie du Producteur, issue du Code de l’environnement, précise que tout metteur en marché d’un produit doit assumer tout ou partie du coût de la gestion de sa fin de vie. Soit par une prise en charge opérationnelle, soit par une participation financière. Cette responsabilité peut être assumée par les metteurs sur le marché eux-mêmes, ce qui peut se révéler compliqué pour certains types de produits, ou collectivement, via la création d’un éco-organisme tel que CITEO (issu de la fusion en 2017 de deux éco-organismes : Ecofolio pour les papiers et Eco-Emballages pour les emballages).

citeo

Comme CITEO, ces entreprises privées à but non lucratif sont financées par une éco-contribution indexée sur la quantité de produit mise sur le marché en France par une organisation. Cette contribution n’est pas une taxe, car chaque euro est directement fléché vers le financement des opérations de collecte et de tri (environ 90 % dans le cas de CITEO) mais également pour financer des travaux de R&D (entre 1,5 % et 2 %) et des opérations de communication et sensibilisation. Pour le papier (donc les prospectus), en 2020 l’éco-contribution s’élèvera à 58 € la tonne. Un montant en-suite modulé au prisme de divers critères, dont ceux de l’écoconception, qui génèrent des bonus et des ma-lus. Par exemple, un élément perturbateur implique un malus.

Tous les six ans, l’État remet en jeu l’agrément de l’éco-organisme, qui n’est pas en position monopolistique, et qui doit justifier de performances et d’efficacité dans sa mission de service public.

 

Réussir l’écoconception d’un prospectus en 6 questions